Ma vision personnelle de la spiritualité amérindienne (suite)
Dans l’article précédent, je donnais un aperçu de l’intérêt que je porte à ce sujet passionnant .
Je vais maintenant développer ce qui m’a le plus frappé : la hutte de sudation et le bâton de parole.
Tout d’abord, voyons la Loge ou Hutte de sudation (ou suerie) :
Utilisée principalement pour la prière en commun, la loge à sudation peut aussi servir de cadre cérémoniel aux rites de la guérison et de la purification de l’âme, ainsi que du jeûne. La plupart des jeûnes sont précédés et suivis d’une cérémonie de sudation.
La construction de la loge varie d’une tribu à l’autre. Il s’agit généralement d’une structure en forme d’igloo d’environ cinq pieds de haut, construite en une heure et demie environ à l’aide d’un treillis de branches de saule recourbées recouvert de peaux pour empêcher la lumière de pénétrer.
Chaque participant est connecté aux éléments à l’intérieur du ventre de la terre mère, représenté par la forme arrondie et basse de la hutte, et par la vapeur d’eau produite par l’eau versée sur les pierres chaudes. Ces pierres représentent les ancêtres.
Jusqu’à huit personnes peuvent s’y rassembler dans le noir pour prier. Mais cela peut-être un jeune qui va subir le rite de passage à l’âge adulte et qui doit se recueillir avant d’affronter les épreuves… L’entrée de la hutte est à l’Est, direction du soleil levant ! La porte est basse, obligeant les participants à y pénétrer à 4 pattes, en signe d’humilité.
Au centre de la loge se trouve un espace vierge sacré (qui n’a jamais été piétiné ni souillé par des déchets), que l’ancien bénit avec le tabac et le foin d’odeur. C’est là que sont déposées des pierres préalablement chauffées à l’extérieur et que l’on asperge d’eau. Un portier ouvre quatre fois la porte de la loge pour apporter quatre nouvelles pierres chauffées (représentant les quatre directions sacrées), ainsi qu’un calumet prêt à fumer. La loge à sudation peut être démontée après la cérémonie, mais souvent on la laisse érigée pour la prochaine cérémonie. On ne peut entrer dans une loge qu’en la présence d’un ancien.
La circulation de la parole s’y fait de façon régulée.
En 2011, lors d’une conférence donnée au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, au campus de Rouyn-Noranda, Richard Kistabish, ancien chef de la Première nation Abitibiwinni et également ancien Grand chef du Conseil algonquin, affirmait que la cérémonie de sudation ne se déroulait plus de la même manière de nos jours.
En effet, pour lui, il s’agit davantage d’un remède pour l’âme qui se déroule de manière individuelle. Alors qu’il se retrouve seul dans la tente, l’individu doit réfléchir à 3 points précis. Tout d’abord, il doit penser à ce qu’il a vécu au cours des derniers jours, puis à ce qu’il aimerait changer dans sa vie. Finalement, l’individu doit se concentrer sur l’un des points qu’il voudrait changer.
Pour moi, la cérémonie à plusieurs, avec son rituel de purification, le passage de la parole d’un participant à son voisin, sous la bienveillante direction d’un ancien, le sage, s’identifie à un espace-temps sacralisé servi par un rituel où :
– la coquille d’un mollusque, qui sert de réceptacle, symbolise l’EAU
– le FEU tient son propre rôle
– les herbes et la cendre représentent la TERRE
– la fumée symbolise l’AIR
Si maintenant je considère la sudation comme exercice individuel, tel que décrit par le chef Kistabish et qui correspond à ce que les Hurons m’avaient raconté, cela représente pour moi l’équivalent de la « cave » dont a bien parlé John Gray « Les Hommes viennent de Mars, les Femmes de Vénus », ou encore, cela pourrait, selon ce que je me suis laissé dire, au cabinet de réflexion en franc-maçonnerie.
L’article suivant traitera du bâton de parole.