Compostelle 2023 – 3/3 – Suite et fin

Ce dernier article sur notre chemin Compostelle 2023 me permet de retrouver Basile pour la découverte des divers hébergements au programme, dont, important pour lui, l’accueil jacquaire et chrétien de Marie-Aimée.

Lun. 14 – Monistrol d’Allier – Saugues

Je saurai par après que Basile a facilement parcouru la petite étape qui l’a conduit à Saugues un peu avant midi. Il en profite pour faire quelques petites courses en complément de celles qu’il a faites la veille à Saint-Privat d’Allier.

Jojo a passé la nuit dans la voiture, dans l’enceinte de l’hôpital. Elle a assisté à la venue d’une personne qui n’avait pas l’air malade, et qui a fait un petit scandale de ne pas pouvoir rentrer aux urgences… Elle a assisté au lever du jour…

Mais à l’hôpital, le temps s’écoule lentement. Je suis aussi bien traité que la veille et le petit déjeuner bienvenu vers 8h30 est correct : café, 2 biscottes avec beurre et confiture d’abricot, après la prise de sang. Jojo me demande si j’ai des nouvelles de Basile… Je le texte et dis à Jojo qu’on va la chercher. Jojo revient dans ma chambre en même temps que le petit-déjeuner ou presque.

On change la perfusion… Mauvais signe. Le temps s’écoule lentement.

Vers 11h, Nicolas m’a demandé de mes nouvelles. Je l’ai rassuré, enfin, je crois. je n’ai toujours pas de visite des médecins. C’est toujours la même réponse : vous êtes dans la dernière chambre et il y a des cas délicats où le médecin passe du temps… Mais cela ne devrait pas tarder…

Jojo arrive. Cela fait du bien de la voir. Elle a effectivement dormi dans la voiture, dans le stationnement à l’intérieur de l’enceinte de l’hôpital, après en avoir averti le gardien.

Vers 13h20 je texte à Basile de se présenter à l’accueil de la Margeride où j’ai laissé des arrhes, mais de veiller à ne pas être dans la même chambrée que Jojo, et que j’espère bien être là avec lui.

En effet, à 3h moins le quart, le toubib, un congolais extra me laisse sortir en m’interdisant de faire du sport et en me donnant une prise de sang à faire rapidement car la dernière prise de sang montre encore une dégradation de l’enzyme posant problème, mais le reste des constantes est OK. Je le texte à Basile.

Jojo nous amène d’abord à Monistrol d’Allier au gîte où j’aurais dû faire étape, on me demande de mes nouvelles, bien contents semble-t-il de me voir debout. Nous y prenons le temps de prendre une boisson fraîche et récupérons mes bâtons, laissés là par Basile.

Puis nous allons à Saugues au Centre d’Hébergement et d’Activités de la Margeride, et retrouvons Basile. Jojo me fait remarquer qu’on y a déjà dormi en 2011 lors de notre « essai » du chemin. Nous allons à l’accueil et on nous attribue une autre chambre. Basile, retrouvé, est attentif à ce que je fais.

Nous allons nous balader en ville décorée des couleurs de l’Ukraine et du drapeau celte pour la manifestation interceltique à venir, et vers l’église où devrait se tenir un accueil pour les pèlerins. En fait il y en a bien un, mais limité au tampon des credential. Basile s’en occupe. Il n’y a plus de visite de l’église avec son historique et l’évocation du Saint Martyr Canadien, Noël Chabanel, natif de Saugues. Dommage.

La pharmacie me remet les médicaments prescrits par le médecin. Une terrasse nous accueille : nous y prenons la dernière table en terrasse.

Rentré au gîte, nous nous préparons pour le souper. C’est très collectif et sympathique. Nous y retrouvons Stéphane et Peggy à la même table et à l’autre, Myriam et Pascal. Basile se trouve en grande discussion avec Stéphane te Peggy et un vieux randonneur qui fait le chemin de Stevenson à l’envers. Un vrai personnage.

Dodo

Mar. 15 – Saugues – Chazeaux (Chanaleilles)

L’étape est courte, surtout pour Basile, alors nous traînons un peu et n’allons au déjeuner que vers 8h15. La préposée nous refait du café car il n’y en a plus, le déjeuner ouvrait en effet à 7h15 et tout le monde ou presque est déjà venu.

Jojo fait des photos de nous deux, Basile et moi devant l’accueil. Il prend la route. Il est temps pour Jojo de me faire les soins sur mes bobos avec, entre autres, la vaseline qui évite de se gratter et de ne pas coller sur le pansement sur le bras.

Nous partons faire le plein d’essence au Carrefour local et prenons la route pour Chazeaux. Une affiche indique que la municipalité recherche des médecins. Nous glanons quelques panneaux caractéristiques.

Un village nous intéresse sur le parcours : Esplantas. Nous avons un beau point de vue sur le château mais la route y passe ; Un arrêt s’impose. Une dame à qui je demande si l’on peut prendre un café ici ouvre l’église. Cela tombe bien. C’est une église comme je les aime : simple et sobre, avec un chœur en cul-de-four, et une galerie interdite pour cause de vermoulure des poutres qui la soutiennent.

Il commence à pleuvoir un peu. Mais nous admirons un superbe travail restauré à coté de la croix monumentale. Un four banal est signalé de l’autre coté de la place au centre de laquelle trône une belle fontaine.

Plus loin, au Villaret, nous passons devant des pèlerins et lAuberge des deux Pèlerins où nous nous sommes arrêtés deux fois, en 2011 et 2018.

Nous arrivons à Chanaleilles et grimpons vers le bourg, attiré par la pancarte annonçant la fête du jour : nous sommes en effet le jour de l’Assomption de la Vierge. Beaucoup de gens sont au travail. Des pistes de quilles sont installées, des bouilloires, 6 ou 7 ! pour la soupe au chou de ce soir, le sont aussi. Nous saurons un peu plus tard qu’il y aurait aussi une messe en plein air ce matin.

L’église a un superbe clocher en peigne. Elle est ouverte et des gens du village sortent de la sacristie, sans doute pour apporter les objets du culte pour la messe en plein air, dont nous ne soupçonnions pas l’existence.

Nous la visitons, tout naturellement : nous avons le temps devant nous.

Nous reprenons la route vers Chazeaux, tout près. Nous suivons le chemin dans le bourg et passons devant une halte sympathique et tout de suite après, devant le gîte Chrétien de Marie-Aimée. Nous garons la voiture un peu plus haut et sommes surpris par une chapelle dédiée à Sainte-Rita, patronne des causes désespérées.

Nous redescendons vers le centre du village et prenons quelques vues de l’endroit.

Nous gagnons la halte sous abri, en terrasse avec une vue superbe : Chez Jérôme. Nous demandons un café si c’est possible. Ça l’est. Jojo est tout sourire. On discute avec Jérôme qui a une centaine de vaches et donne l’accueil aux pèlerins qui ont faim et/ou soif. Jojo doit repartir pour Saugues, et je me promets de déjeuner tout à l’heure à cette halte.

Je m’installe rapidement à cette halte où il y a déjà des pèlerins. Je parle avec eux et voit la voiture de Jojo passer… je lui fais signe mais elle ne me voit pas. Dommage.

Je commande l’assiette de Jérôme avec 3 pâtés différents : porc, sanglier, et chevreuil, jambon fumé maison et fromages du village et tarte à la pêche, maison, café compris. J’en suis à entamer le jambon quand Basile arrive. Je le hèle et l‘invite à s’arrêter et manger la même chose que moi. Il ne se fait pas prier !

Après ce repas rustique et bien agréable, nous allons dans le petit parc juste en dessous sur une table de pique-nique sous abri, important vu le cagnard ! Basile est sur son téléphone et je parcours le Miam-miam-dodo.

Un peu plus tard, j’appelle le gîte de Marie-Aîmée pour savoir à quelle heure il accueille : Louis me dit, arrive ! Nous sommes les premiers occupants du gîte très bien installé, Marie-Aîmée nous faisant la visite des lieux.

Petit à petit des pèlerins arrivent. Finalement nous serons 7 : Louis, vu au Relais St-Jacques au Puy, et qui dormira dans la même chambrée que nous deux, Basile et moi, Myriam et Pascal puis un peu plus tard, Anne et Mélanie, qui se présenteront au repas.

Louis signale un problème avec l’un de ses bâtons : il ne se bloque pas et ne sert donc à rien. Une équipe se mobilise pour lui venir en aide : Pascal, Basile, Myriam et moi qui apporte le petit tournevis de mon couteau, Myriam apportant une pince à épiler pour récupérer la petite vis qui est tombée dans une fente du plancher. Problème résolu. Louis remercie l’équipe.

Avant le repas du soir, qui sera pris en famille, il y a un temps de prière à la chapelle. Pour préparer ce temps, un conseil autour de Marie-Aimée se tient avec Louis comme référent : il est séminariste. Autour de lui, Myriam, Basile, naturellement, et les deux dernières pèlerines. Pascal, le compagnon de Myriam est sur une chaise longue à coté de moi un peu en retrait, mais à l’ombre sous les arbres ou un parasol.

Le temps de prière dans la chapelle est pour les uns et les autres l’occasion de pouvoir s’exprimer sur les vœux que l’on souhaite partager ou non.

Le repas est pris en famille et c’est là que nous faisons connaissance avec Anne et Mélanie. Et nous faisons un tour de table pour nous présenter. Seul le prénom est demandé. Cela suffit bien : nous sommes dans un vrai accueil jacquaire.

Marie-Aîmée nous sert une excellente soupe d’orties. C’est la seconde fois que je mange une telle soupe. Extra. Louis, notre hôte insiste pour signaler que les orties sont bio car cultivées dans son jardin protégé. Puis c’est un sauté de blanc de volaille avec du blé tout à fait sympathique et comme dessert, une sorte de flan sur biscuit maison délicieux, et enfin, une boisson chaude.

Pendant le repas, nos hôtes, Louis en particulier explique leur parcours et leur investissement dans une association qu’ils ont créée pour agir concrètement à Madagascar : « Amour et Partage ».

Ils insistent sur l’arnaque des parrainages d’enfants et disent comment ils l’ont découvert. En effet, un enfant peut être parrainé par jusqu’à 10 familles… Où passe l’argent de 9 autres familles ? Ils ont coupé tous les ponts en humanitaire avec les religieux et religieuses.

Ils demandent aux pèlerins ce qu’ils prévoient pour demain. Chacun y va de sa prévision et je signale que c’est le jour du retour à la maison et que Jojo va venir nous chercher après le petit-déjeuner. Ils ont le cri : « dis lui de venir pour partager le petit-déjeuner avec nous ! Nous l’invitons ».

Je transmets l’invitation à Jojo qui me demande si le gîte n’est pas « trop religieux » ; je lui réponds « correct » ! Elle sera donc présente. Louis et Marie-Aimée en sont contents.

Mer. 16 – Au revoir et retour à Lebetain

Nous nous levons assez tôt car le petit-déjeuner est fixé à 7 h. A 6h45, Jojo est déjà stationnée au même endroit que la veille.

Compostelle 2023 - Dernier petit-déjeuner chez Marie-Aimée

Nous déjeunons tous ensemble. Bien sûr, Louis, le pèlerin-séminariste, demande de dire le bénédicité. Cela lui étant accordé, il le dit. Jojo est perplexe. Mais rapidement l’atmosphère est très cordiale et tout le monde est heureux de commencer une nouvelle journée, soit de marche, soit de retour, soit d’accueil. Jojo fait plusieurs photos de la tablée.

Tout le monde se salue, notre hôte Louis nous dit que nous sommes un bon groupe, ce qui n’est pas toujours le cas, le pèlerin laissant souvent sa place au touriste…

Après ces salutations, retour dans les chambrées pour vérifier les sacs et, pour nous, soin de mes bobos, en particulier celui causé par la dragonne de mon bâton droit.

C’est à ce moment précis que passe sur le chemin, devant nous, Karine, mon ange du chemin et infirmière de profession… Elle prend de mes nouvelles et constate qu’elle a eu raison d’appeler le 15, l’hôpital m’ayant gardé presque 24h.

Les bagages étant dans la voiture, nous retournons saluer nos hôtes. Ce sont des gens extraordinaires. Nous avons fait là une excellente rencontre, difficile à oublier.

La route se fait sans problème, en évitant toutefois la route par Monistrol d’Allier et Saint-Privat d’Allier. Basile, à l’arrière de la voiture, passe son temps, soit à dormir, soit avec son téléphone à la main et des écouteurs dans les oreilles.

Arrivés assez tôt à Lebetain, Basile nous dit avoir reçu un message de sa mamie Marie-Madeleine et déclare souhaiter rentrer à Rittershoffen ce soir. Jojo décide donc de servir le repas plus tôt que d’habitude. Basile prend la route après cela, content de cet arrangement. Nous lui demandons de nous avertir de son arrivée chez lui. Ce qu’il fait !

Dans la soirée, sa maman, Aurélie, fait un message très sympathique de remerciement à Jojo sur Facebook.

Personnellement, je pense avoir réussi ma mission auprès de Basile malgré les évènements. De plus, le fait que Basile sache que je marchais seul et qu’il m’ait vu bien entouré lors de mes ennuis, doit être extrêmement rassurant s’il veut continuer… Ce chemin est vraiment magique !

A suivre.